2021
Etat du marché de l’assurance
Causes conséquences et perspectives
Focus grands risques
La crise sanitaire vécue en 2020 et qui va se poursuivre à minima jusqu’à la mi 2021 aura des répercussions bien
au‐delà, la BCE ayant étendu son hypothèse de financement des économies de la zone euro au‐delà de Mars 2022
ce qui représente à la fois une indication forte pour le soutien à l’économie mais aussi les signes d’une stratégie
de sortie qui verra le niveau atteint de la dette des Etats au plus haut…
Cette crise est venue percuter de plein fouet l’industrie de l’assurance (entre autres) laquelle au regard d’une
régulière dégradation des résultats techniques a clos dès la fin 2019 un cycle baissier de 15 années au terme
duquel les clients ont bénéficié de capacités abondantes à des prix, sous l’effet de la concurrence, qui ont au mieux
stagné (sauf risque très sinistré).
A fin 2019 Le redressement était en ligne de mire avec un commencement de mise en oeuvre et un durcissement
des conditions de renouvellement.
Dès le début de l’année 2020 les marchés se sont à nouveau tendus sous le double effet notamment de résultats
préoccupants en catastrophes naturelles (ouragans, feux de forêt, inondations…) en dommages aux biens (+ 40 %
de sinistralité) en violences politiques (en France à Hong Kong….), et de la réaction des réassureurs lesquels ont
surveillé les politiques de souscription de leur cédantes au plus près manifestant de nouvelles exigences (volatilité,
clauses clarifiées …).
Et la crise sanitaire vint ….
Dès le mois de Mars coût de tonnerre !… jamais nos économies modernes n’avaient connu telle
situation …engendrant une fragilité accrue des entreprises en dépit des aides gouvernementales … ce qui n’a pas
manqué d’impacter l’industrie de l’assurance.
Le coût de la crise pour les assureurs (vu à novembre 2020) est venu renforcer l’impact négatif sur les comptes de
résultat et a provoqué une réaction inédite du marché qui s’est littéralement et subitement totalement retourné.
La FFA avance un coût de la crise de plus de 5 milliards d’euros (On parle d’un chiffre qui pourrait atteindre 9
milliards vu à début Février 2021) absorbés de manière distincte selon les branches : une économie réalisée de
1,4 milliards d’euros en automobile (baisse de la sinistralité) et de 600 millions d’euros en santé.
Un surcoût de plus de 3,5 milliards d’euros qui concerne le marché des professionnels (restaurateurs
commerçants…) et de près d’un milliard d’euros en prévoyance.
Un effet taxe sur l’assurance santé de 1,5 milliards d’euros,
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Sans compter les mesures prises extra contractuelles : contribution de plusieurs centaines de millions d’euros
fléchés sur les TPE et PME ainsi que l’annulation automatique des loyers dans leur position de bailleur et d’autres
contributions concernant notamment des investissements et des aides ciblés.
Du côté des clients, ce double effet, début du redressement technique lié à une dégradation des résultats et coût
de la crise sanitaire (accompagnée tantôt d’une dégradation des notes financières toujours regardées de près par
les assureurs) a généré une année 2020, une campagne de renouvellement 2020, particulièrement mouvementée
dont les caractéristiques ont été les suivantes :
• Une réaction mondiale, globale : tous les acteurs ont été concernés y compris les réassureurs
• Des positions radicales sur toutes les branches
o Hausses des tarifs parfois très significatives
o Révision des conditions de couverture (augmentation des franchises, nouvelles clauses plus
restrictives)
• Une crise capacitaire :
o Disparition d’acteurs (particulièrement sur le marché de Londres)
o Retrait d’acteurs (sur certaines branches ou sur certains métiers)
o Réductions de capacité avec pour corollaire une raréfaction desdites capacités et une plus grande
importance donnée à la prévention
• Une crise dont on annonce qu’elle s’inscrit dans la durée (poursuite d’un marché tendu en 2021) ceci
pour les raisons additionnelles suivantes :
au‐delà des résultats dégradés, de l’effet de la crise , une déprime des taux d’intérêt mais aussi une interconnexion
de plus en plus importantes des risques.
Exemples :
‐ Le recours au digital pendant cette crise a fait exploser le risque CYBER.
‐ La gestion de la crise a fait bondir les réclamations en responsabilité civile des mandataires sociaux.
Aussi dans ce contexte que doit‐on attendre des assureurs dans le futur et comment
adapter faire évoluer notre rôle d’intermédiaire ?
L’économie ne pouvant se passer de l’assurance, le rôle des assureurs devra s’inscrire dans la pérennité malgré
la réduction des capacités et devra préserver un rôle majeur (grâce à la FFA) de solidarité de place.
Il est en effet primordial d’éviter entre les acteurs toute perte de confiance…. Bien heureusement le Marché
semble conscient de ce devoir… et la fédération veille …
Certes le ratio de solvabilité médian (50 sociétés d’assurance sondées) a baissé de 12 % mais avec une moyenne
de 258 % de couverture le Marché de l’assurance reste solide !
Les assureurs demanderont néanmoins de manière beaucoup plus systématique à leurs clients de conserver
une part plus grande d’auto‐assurance, partageront le risque (co‐assurance, réassurance facultative) et
exigeront des investissements de prévention à la hauteur des enjeux et des risques estimés.
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Par ailleurs et nous insistons en tant que courtiers sur ce point, la communication devra être largement améliorée
afin d’expliquer un effet de balancier qui a été très mal perçu par les clients, le manque de dialogue et de
flexibilité ayant été particulièrement prégnant et mal ressenti. Là encore des leçons devront être tirées de cet
épisode …
Enfin la qualité de service en matière d’accompagnement sur la prévention, notamment, ainsi que sur la gestion
des sinistres seront particulièrement recherchés par les clients comme par les intermédiaires ; ceci implique de
l’écoute du dialogue de la pédagogie et la remise à plat de la relation client quelque peu mise à mal en cette fin
d’année et parfois même franchement détériorée.
Côté courtage,
Nous devrons anticiper le Marché par une veille constante, préparer les clients en les informant au fil de l’eau, et
évidemment dialoguer très en amont avec les assureurs pour deviner/décrypter leurs intentions. Rechercher
également des assureurs appétents car en recherche de parts de Marché mais avec la promesse d’une certaine
…pérennité ….voire d’un maximum de sérieux …
Nous devrons notamment travailler :
• A un effort de prévention côté client qu’il conviendra d’une part d’optimiser et d’autre part de valoriser
(qualité des datas fournies, cartographie des risques, investissements en prévention réalisables…)
• A favoriser le dialogue avec les assureurs pour faire comprendre de part et d’autre les contraintes et, en
cas d’investissements nécessaires, le timing de mise en oeuvre, et les contreparties
• A optimiser les approches et montages en matière de rétention
• A Faire comprendre les approches techniques et contribuer à la formation des risks managers pour une
meilleure appréhension du marché.
Peut‐on s’attendre au retour à un marché dit Soft ? et Quand ?
La tendance n’est pas celle‐ci à l’heure actuelle. En effet, tout dépendra :
• Des normes de solvabilité imposées par Bruxelles qui travaille d’ores et déjà sur une modification de
Solvency 2 (laquelle pourrait coûter 20 points de ratio…)
• De l’évolution de la sinistralité
• De la culture de risk management développée au sein des Entreprises
• Du respect des fondamentaux techniques
• De la maturité nécessaire pour comprendre et admettre les cycles inversés
Pour notre part, conscient des enjeux à venir, nous souhaitons renouer les liens parfois tendus avec les assureurs
et nous tenir au plus près de nos clients afin de défendre au mieux leurs intérêts dans une période en pleine
mutation.
Franck RECOING, Associé Groupe GSAPRADO Assurances