Entre la star de l’épargne retraite qu’est, dans l’esprit du plus grand nombre, l’assurance-vie, vue comme le placement incontournable et le nouveau PER (Plan d’épargne retraite) né de la loi Pacte du 22 mai 2019, le match est serré sur le terrain de l’épargne retraite.

Dans sa version individuelle, le PER vous permet de déduire les versements du revenu net global du foyer fiscal ou des revenus professionnels pour un TNS. Votre épargne est bloquée jusqu’à votre départ à la retraite, sauf si vous l’utilisez pour acheter votre résidence principale ou que vous subissez un « accident de la vie ». À la sortie, votre épargne est taxée.

Les versements que vous réalisez sur votre assurance-vie ne bénéficient pas de coup de pouce fiscal, comme le PER. En revanche votre épargne est disponible à tout moment et lors du rachat de votre assurance-vie, après 8 ans de détention, vous bénéficiez d’un traitement fiscal bien plus avantageux puisque vous n’êtes imposés que sur vos gains et seulement au titre des prélèvements sociaux.

Alors lequel privilégier ? Comment choisir ? Voici tous les éléments pour optimiser vos placements et mieux préparer votre retraite.

Pour les plus imposés, le PER est gagnant

Si vous êtes imposés à 41% et plus, le PER est préférable pour vous : l’avantage fiscal prenant la forme d’une déduction, l’économie d’impôt dépendra en effet de votre taux marginal d’imposition (TMI), c’est-à-dire le taux d’imposition de la tranche la plus haute de vos revenus. Et plus celle-ci est élevée, plus les versements réalisés sur un PER sont efficaces.

Par exemple, si vous effectuez un versement de 1 000 euros sur un PER et que vous vous situez dans la tranche imposable de 41%, l’économie d’impôt représentera alors 410 euros (1 000 euros X 41%). Elle sera de 450 euros pour un TMI de 45%. Nous supposons dans ces exemples que le versement n’impacte pas le niveau de votre TMI. Votre réel effort d’épargne n’est donc respectivement que de 590 euros et 550 euros.

A votre départ à la retraite, vous pouvez choisir une sortie en rente viagère, une sortie en capital ou en capital fractionné mais aussi les 2 combinés. Le plus avantageux pour vous est la sortie en capital en fractionnant les retraits : fiscalement, la part du retrait correspondant à des versements déductibles effectués sur le PER sera soumise au barème progressif de l’impôt sur le revenu (IR). Compte tenu d’un taux de remplacement (pension / dernier salaire) qui décline inexorablement (celui-ci étant d’ailleurs en moyenne plus faible pour les hauts revenus), la probabilité de voir tomber à 30% votre TMI à la retraite est importante. La part du retrait correspondant à des gains sera, elle, soumise à la Flat Tax de 30% (12,8% + 17,2% de prélèvements sociaux) ou à l’impôt sur le revenu (+17,2% de prélèvements sociaux) si cette option est plus avantageuse.

Il faut donc tabler sur une taxation globale de 30% sur un PER et dans ce cas, la comparaison entre l’économie d’impôt à l’entrée (41% ou 45%) et la taxation à la sortie (30%) fait du PER le placement le plus intéressant.

Pour les moins imposés, l’assurance-vie reste préférable

Si vous êtes peu ou pas imposable, au titre de l’impôt sur le revenu, l’assurance-vie a beaucoup plus d’intérêt pour vous et elle reste disponible à tout moment, ce qui représente une sécurité supplémentaire en cas de coût dur. 

Par exemple, pour un taux marginal à 11% (la tranche évolue de 10.085 euros à 25.710 euros par part), le bénéfice d’impôt du versement sur un PER est trop faible pour rivaliser avec la disponibilité de votre épargne, offerte par l’assurance-vie.

Pour les tranches intermédiaires, optez quand même pour le PER 

Si vous êtes imposés dans la tranche des 30%, privilégiez encore le PER : vous allez pouvoir placer et faire fructifier pendant de nombreuses années de l’argent que vous auriez dû payer en impôts. La tranche à 30% est la plus large (elle est comprise entre 25.711 euros et 73.516 euros par part), il s’agit donc du cas le plus courant. L’avantage fiscal à l’entrée est important puisque vos versements déductibles vous procureront une économie d’impôt de 30% et ce, même si la taxation à la sortie est identique (30% pour les versements taxés à l’IR et 30% pour les gains soumis à la Flat Tax).

Par exemple, si vous êtes marié, que vous avez 45 ans et que vous décidez d’investir 15 000 euros sur votre PER, votre TMI étant de 30% vous allez économiser 4 500 euros d’IR. Si vous n’aviez pas investi cette somme sur votre PER, vous auriez pu disposer, après paiement de l’IR, non pas de 15 000 euros mais de 10 500 euros à placer sur un autre produit d’épargne tel qu’un contrat d’assurance vie. En retenant une hypothèse de performance de votre investissement de 3% par an pendant 20 ans (jusqu’à votre départ à la retraite) vous obtiendrez un capital de 27 092 euros sur votre PER (15 000 euros placés à 3% pendant 20 ans) alors que sur une assurance-vie vos 10 500 euros placés à 3% pendant 20 ans ne vous rapporteraient que 18 964 euros. A la sortie, l’épargne du PER est taxée à 30% et passe de 27 092 euros à 18 964 euros et l’épargne de l’assurance-vie, après 8 ans est taxée à 17,2% sur les gains (18 964-10 500, soit 8 464 euros de gains), ce qui amène à 17 508 euros pour l’épargne issue de l’assurance-vie.  Avec le PER vous gagnez donc 1 456 euros, ce qui n’est pas négligeable !

Il faut donc comprendre que le choix entre assurance-vie et PER se joue essentiellement sur votre tranche d’imposition. À partir de 30%, le PER est plus avantageux et il le sera d’autant plus que votre TMI augmente. En revanche, en dessous de cette tranche, il est préférable de profiter de la disponibilité de l’assurance-vie, dont ne dispose pas le PER.