Point de vue,

Conseillers en gestion des risques et assurances, nous défendons au quotidien la cause de nos clients – je veux parler des entreprises – soumis à des risques aléatoires de toute nature, qui souscrivent des couvertures d’assurances pour y faire face.

Un contrat de confiance s’établit alors entre les deux co-contractants qui ont, à première vue, des intérêts divergents, mais néanmoins, la volonté de nouer une relation gagnant-gagnant, selon le principe de la mutualisation en système assurantiel.

 

Notre rôle en tant qu’intermédiaire d’assurance et conseil, étant ici primordial pour sécuriser ladite relation.

 

Ce schéma théorique s’applique en pratique dans la très grande majorité des cas.

 

C’est pourquoi, il nous semble essentiel de mettre en perspective le rôle clé joué par les intermédiaires et les assureurs pour permettre à l’économie de pouvoir fonctionner malgré nombre de risques aléatoires, imprévisibles par nature, qui peuvent lorsqu’ils se produisent et se transforment en sinistres fragiliser, voire faire disparaitre les entreprises ….

L’assurance joue ainsi un rôle majeur dans notre capacité collective à produire de la richesse, à entreprendre, à imaginer, concevoir, produire, distribuer, commercialiser produits et services qui font le quotidien de nos échanges.

 

Aussi, aucune entreprise dans un monde productif, développé et connecté, soumise à des obligations considérables en matière d’investissement, d’enjeux divers, de responsabilité au sens large du terme, ne pourrait aujourd’hui se passer de l’assurance !

Aucune, sinon à jouer « à la roulette russe » tous les matins en ouvrant ses portes et en mettant en péril sa survie ainsi que celle de la communauté de ses partenaires… salariés, clients, et fournisseurs divers.

 

Et l’essor du développement économique à l’échelle mondiale, s’il a généré de nouveaux risques, continuera à créer de nouveaux besoins de protection.

 

Ainsi, le terrorisme ou encore les catastrophes naturelles ont donné lieu en France notamment, à la constitution de fonds dédiés, de garanties développées pour « faire face » et ceci, en contrepartie de cotisations complémentaires mutualisées, les assureurs n’étant pas en soi des créateurs de monnaie …

C’est pourquoi la pandémie du COVID-19 confronte 2 points de vue évidemment opposés lorsqu’il s’agit de trouver une solution économique au désastre provoqué par l’arrêt de la quasi-totalité de l’activité.

 

D’un côté, l’idée selon laquelle l’assureur doit assumer, quelle qu’en soit la cause, le préjudice subi par les clients au titre des pertes d’exploitation.

On peut effectivement légitimement se mettre du côté des commerçants, artisans, restaurateurs, contraints de mettre la clé sous la porte, et comprendre, voire défendre cette cause avec conviction et détermination.

 

De l’autre, la réponse selon laquelle l’assureur a « bon dos » de devoir tout prendre en charge. Dans le cas d’espèce, un risque unique par son ampleur, imprévisible, systémique, pour lequel, à l’origine de l’acceptation des risques identifiés et assurés, aucune contrepartie financière n’a été collectée.

Cette réponse peut s’entendre, les pertes d’exploitations étant toujours raccrochées à un dommage garanti… et la pandémie n’en n’est pas un, car exclu des contrats considérés… Là est tout le problème !

 

Car au fond, la conséquence d’une éventuelle prise en compte par les assureurs de cette demande généralisée des assurés désemparés aboutirait vraisemblablement à une contribution telle (indemniser les pertes d’exploitation de toutes les entreprises arrêtées) que l’industrie de l’assurance subirait à son tour un sinistre dont elle ne se remettrait pas, contribuant ainsi à faire disparaître un rouage essentiel de l’économie !

 

Alors ? Qui doit-on défendre ? Quelles solutions imaginer ?

 

Les intermédiaires conseils que nous sommes penchent irrémédiablement du côté de leurs clients dont ils défendent les intérêts.

C’est dans la tempête que l’on compte sur celui que l’on a choisi et à qui l’on a donné sa confiance pour manœuvrer !

 

D’un autre côté sans assureur, point de salut …

 

Ainsi, en tant que professionnels, nous devons faire comprendre et expliquer que l’on ne peut pas tout demander aux assureurs, dont les contraintes techniques, prudentielles, nécessitent une approche responsable de la souscription des risques, et donc disposer à tout moment du répondant suffisant, avec de solides capitaux propres !

 

C’est pourquoi, l’État qui l’a bien compris, joue ici un rôle primordial, celui d’un « SUPER ASSUREUR », capable de venir en aide à l’ensemble des acteurs économiques tout en leur demandant une contribution.

 

Aux uns, d’assumer un arrêt d’activité en contrepartie d’aides, aux autres d’accompagner de la manière la plus engagée possible et pour des montants très significatifs, un tissu d’entreprises vitales à l’économie du Pays… et en grande souffrance.

 

Or, cette crise devrait aboutir vraisemblablement, mais curieusement aussi, à renforcer des liens qui doivent exister entre assureurs et clients dont le destin est finalement commun.

 

À court terme, si les assureurs doivent effectivement contribuer de manière très significative au redressement du tissu économique, de nouvelles mesures devront voir le jour, car ils ne peuvent évidemment tout assumer.…

 

Raison pour laquelle l’émergence de ce risque sanitaire aboutira immanquablement à la création d’un fond nouveau, qui en contrepartie d’une cotisation complémentaire, viendra prendre en charge un premier risque d’indemnisation en cas d’arrêt d’activité consécutive à la pandémie.

 

Nous serons alors tous collectivement bénéficiaires de leur solidité et de l’effet de mutualisation/capitalisation pour nous permettre de résister aux crises futures.

 

Et je suis convaincu de la primauté de notre rôle d’intermédiaire, pour être moteur dans cette démarche et œuvrer à atteindre l’objectif recherché !

 

FRANCK RECOING

Dirigeant Associé Groupe GSAPRADO Assurances